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les rues d'Alger au présent

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Message par algerietv 13.11.07 11:17

Alger au présent. Dans sa réalité quotidienne. Dans une trame spatiale à un double niveau. L’espace privé, c’est-à-dire le caché, le non révélé. Tu t’introduis dans l’espace féminin. Tu filmes les femmes dans leurs tâches ménagères. Mais tu ne montres pas leurs visages. La caméra filme plutôt le bas de leurs robes, leurs pieds … N’y a-t-il pas là un respect de la «horma» et ainsi la reproduction de la séparation sexuée des espaces ?
Les intérieurs étaient filmés d’un point de vue d’un enfant. J’ai vraiment cherché une douceur et une poésie dans les intérieurs. La petite fille qui joue avec l’eau fait partie de la poésie d’un intérieur d’une maison. La caméra est très basse. Elle filme tout l’espace : le carrelage, les meubles, les murs, l’ombre… La «horma», je la regarde lorsque je filme les femmes qui
discutent entre elles sur les balcons qui est un lieu intermédiaire entre le dedans et le dehors. La «horma», je la regarde. Je m’en étonne. Mais je ne la respecte pas. Je ne la perpétue pas. Dans cette maison de la Casbah, la caméra filme le visage de cette femme qui parle d’elle, de sa vie, de ses «bêtises». Elle est très spontanée. Elle dégage de la bonté, de la générosité, de l’humilité, de la sincérité.
Les rideaux sur les balcons ont une double fonction. Ils servent à protéger de la lumière du jour et de la chaleur mais également du regard extérieur ?
Lorsqu’il n’y a pas de rideaux, la lumière glisse vers l’intérieur et le regard aussi. A un moment, je filme une femme en train de balayer dans son intérieur.
Avec les rideaux, on prive l’espace intérieur du regard de l’autre, de
la chaleur et de la lumière créant ainsi cette atmosphère féminine qui
est l’ombre, le mystère, le caché. Une ambiance que je trouve très
érotique.
Puis la caméra propulse le regard dans l’espace public où la ville est filmée dans sa nudité la plus complète : la rue. Le mouvement humain. Tu t’attardes sur le jeu des enfants dans les rues. Certains vont jusqu’à compromettre leur sécurité sans que les adultes n’interviennent.
La notion de danger vient de l’extérieur. Du regard des gens qui apprécient et jugent. Ces situations où les enfants jouent dans les rues de leurs quartiers me faisaient rappeler mon enfance.Avec les petits voisins, on jouait dans «el houma» où on était livré à nous-mêmes. On se battait. On se faisait mal. On se blessait. Mais on se construisait. Est-ce suffisant pour faire des citoyens ? Je n’en suis pas très sûr. Il faut probablement autre chose pour structurer une personnalité.
Des cris. Des bruits de la vie qui bout. Des voix d’enfants. De femmes qui chantent. Une poésie des images. Très peu de paroles et de discours. Un silence qui se déroule comme un long poème qui raconte l’épopée de la vie. Choix délibéré dis-tu. Mais dans quel sens ?
La musique et le commentaire ne pouvaient être que superflus.
Dans ma démarche, le récit se construit sous l’effet de la tension qui se crée à partir des images et du son et non en forçant les images à énoncer un discours préalablement construit. Les images sont porteuses de messages. C’est le détail qui crée la tension. Et en créant de la tension dans le récit, je libère l’image. Cette démarche me permet de me passer du commentaire. Je voulais rendre poétique la chose la plus banale. Par le silence. Par les images. Par les scènes quotidiennes comme l’ombre qui est porteuse de beaucoup de poésie et d’esthétique. Comme ces enfants qui jouent quotidiennement dans les rues loin du regard des adultes.
Comme cette femme qui quotidiennement étend son linge et répètent inlassablement la même gestuelle. Comme ces femmes qui marchent dans la rue. Bougent. Vite. Ne s’arrêtent pas. Elles ne font que passer. Car l’espace public est réservé pour le sexe masculin. Pour les femmes, c’est un lieu de
passage. Ou encore comme ces hommes attablés dans un café. Ils ne bougent pas. Ils sont silencieux. Ils ne savent pas quoi faire de leur vie. Le silence est pesant. Cette démarche peut déstabiliser le regard qui est habitué à «un prêt à voir», «un prêt à penser» et se retrouver dans une position où il doit donner du sens aux images pour construire le récit. Cette
posture participative permet aux spectateurs de devenir des acteurs à
part entière. J’en suis conscient et c’est délibéré. Cette passivité qu’on crée chez le spectateur ne peut être ma démarche. La personne qui
regarde est avant tout une intelligence. J’essayer d’éveiller la conscience de celui qui regarde. Mon film ne propose pas une vue d’ensemble de la ville d’Alger. Je n’ai pas opté pour filmer des symboles que tout le monde connaît. J’ai voulu éviter de reproduire Alger du journal télévisé de 20 heures. Mon film est une invitation à partager un étonnement. Il cherche à susciter un nouveau regard sur la ville d’Alger. La création artistique doit revendiquer une pluralité des regards. Pour aiguiser le regard des Algérien (e) s sur eux-mêmes, il faut d’abord aiguiser celui des créateurs et des créatrices.
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